La Banque centrale de Madagascar relève le taux directeur à 12%

8 May 2025

Le Comité monétaire de la Banky Foiben’i Madagasikara (BFM) qui s’est réuni le 6 mai a décidé de relever le taux directeur de 150 points de base, soit à 12%, afin de prévenir une accélération de l’inflation dans un contexte mondial incertain. Un resserrement de la politique monétaire s’avère être indispensable pour inverser cette tendance haussière et pour se prémunir des risques associés aux incertitudes, indique-t-on. 

Sur le plan international, les aléas demeurent élevés en raison de l’intensification des guerres commerciales, marquées notamment par la hausse des tarifs douaniers, ainsi que des tensions géopolitiques persistantes. Dans ce contexte, le processus de désinflation amorcé chez les pays développés reste fragile. 

A Madagascar, l’inflation est repartie à la hausse depuis juin 2024 pour s’établir à 8,4% à mars 2025, en variation annuelle. Cette évolution s’explique principalement par la hausse des prix du riz, des produits importés et dans une moindre mesure, de l’énergie dont les combustibles pour les cuissons. Ce niveau de l’inflation enregistré en mars 2025 dépasse les précédentes prévisions, traduisant une amplification des pressions inflationnistes, selon la BFM. 

Après la mise à jour des prévisions, une inflation annuelle de 8,4% est anticipée à fin décembre 2025, un niveau nettement supérieur à l’objectif à moyen terme. Celles-ci s’appuient notamment sur l’évolution attendue des prix de matières premières, le mécanisme d’ajustement automatique des prix des produits pétroliers, ainsi que leurs répercussions sur les autres prix. Ces perspectives sont également expliquées par une expansion de la masse monétaire, projetée à 14,7% au deuxième trimestre et à 13,5% à partir du troisième trimestre 2025. L’analyse monétaire prévoit par ailleurs la poursuite de l’afflux de devises, contribuant à la persistance de la surliquidité bancaire. 

Dans ce contexte, le resserrement de la politique monétaire vise à préserver la stabilité des prix à moyen terme et à ancrer ainsi les anticipations d’inflation autour de 5% sur cet horizon. Cette mesure peut impacter sur l’activité économique à court terme, mais elle est nécessaire pour renforcer la stabilité macroéconomique et financière à plus long terme. 

Les perspectives pour le reste de 2025 demeurent sensibles aux chocs externes, comme la perturbation des chaines d’approvisionnement et les aléas climatiques. 

En revanche, une amélioration de l’offre globale permettrait d’atténuer les pressions sur les prix. BFM se tient prêt à ajuster sa politique monétaire en fonction de l’évolution des conditions macroéconomiques, afin de contenir les pressions inflationnistes et stabiliser durablement l’Ariary. Par ailleurs, l’institution étudie la mise en place de mesures exceptionnelles d’accompagnement en cas de persistance de la surliquidité bancaire.