Des organismes internationaux se soucient de la reprise des cours

5 May 2020

Des organismes internationaux comme l’Unesco, l’Unicef, le PAM et la Banque mondiale ont publié de nouvelles orientations pour rouvrir les écoles en toute sécurité, suite au Covid-19,  alors que les fermetures d’établissements scolaires affectent actuellement près de 1,3 milliard d’élèves à travers le monde.

A Madagascar, 7 millions d’élèves (préscolaire jusqu’en classe des terminale enseignement général et technique) ont été impactés par la fermeture des écoles pendant plusieurs semaines. Ces élèves comprennent 900 000 élèves préscolaires, 4 650 000 élèves primaire, 1 100 000 élèves collège, 363 000 élèves lycée et 70 000 élèves de l’enseignement et formation technique et professionnelle. En tout, 248 000 enseignants répartis dans 61 000 établissements dont 73% sont publics 73 % en milieu rural ont aussi vécus une année scolaire interrompue. Même si un nombre limité d’écoles ont ouvert (pour les élèves qui passeront les examens nationaux à la fin de l’année) depuis le 23 avril, des rapports anecdotiques indiquent que tous les élèves ne sont pas revenus. Un nombre plus élevé d’absences est particulièrement relevé dans les écoles rurales.

Le Ministère de l’Education Nationale et de L’Enseignement Technique et Professionnel (MENETP), en collaboration avec ses partenaires techniques et financiers, a pu agir rapidement après la déclaration de la fermeture des écoles le 20 mars 2020 avec la mise en œuvre des activités comme la production des cours à la radio et télévision nationale, la diffusion à la radio sur la chaine nationale des émissions et la confection des outils pédagogiques et des fiches d’auto-apprentissage pour les élèves afin de répondre aux besoins immédiats et urgents d’assurer la continuité éducative pendant le confinement.

A Madagascar, les stratégies pour toutes les écoles consistent en la distribution des caches bouche, la distribution des savons, la sensibilisation des élèves et des enseignants, la désinfection des salles de classe.

Dans le monde

Les organismes de l’ONU ont averti les autorités que les fermetures massives de structures éducatives en riposte à la pandémie de COVID-19 constituent une menace sans précédent pour l’éducation et le bien-être des enfants, en particulier des enfants les plus marginalisés qui dépendent de l’école pour recevoir une éducation ainsi que des services de santé, de protection et de nutrition. Ces nouvelles orientations offrent aux autorités nationales et locales des conseils pratiques pour assurer la sécurité des enfants lors de la réouverture des écoles.

« Le creusement des inégalités, les problèmes de santé, la violence, le travail des enfants et le mariage des enfants ne sont que quelques exemples des menaces à long terme qui pèsent sur les enfants déscolarisés », indique Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF. « Nous savons que plus les enfants restent déscolarisés, moins ils sont susceptibles de retourner à l’école. Si nous ne faisons pas de la réouverture des écoles une priorité – lorsque les conditions sont réunies pour les rouvrir en toute sécurité –, nous assisterons probablement à un recul catastrophique des progrès accomplis en matière d’éducation. »

Comme le soulignent ces nouvelles orientations, si nous manquons de données probantes pour évaluer l’incidence de la fermeture des écoles sur les taux de transmission de la maladie, les répercussions de ces fermetures sur la sécurité et l’apprentissage des enfants sont en revanche bien documentées. Les progrès enregistrés pour accroître l’accès des enfants à l’éducation au cours des dernières décennies risquent d’être réduits à néant et, dans les pires scénarios, d’accuser un recul dramatique.

« Dans les pays les plus pauvres, les enfants reçoivent souvent le seul repas de leur journée à l’école. Cependant, de nombreuses écoles étant actuellement fermées en raison de la COVID-19, 370 millions d’enfants sont privés de ces repas nutritifs qui constituent une bouée de sauvetage pour les familles démunies. Ils sont également privés des services de santé dont ils bénéficient habituellement par l’intermédiaire de l’école. Cette situation risque d’avoir des conséquences néfastes à long terme, si bien qu’il sera essentiel de rétablir les programmes de repas scolaires et les services de santé lorsque les écoles rouvriront, ce qui pourrait en outre favoriser le retour des enfants les plus vulnérables sur les bancs de l’école », affirme David Beasley, Directeur exécutif du PAM.

La décision des autorités nationales et locales de rouvrir les écoles doit reposer sur l’intérêt supérieur de l’enfant et des considérations générales en matière de santé publique fondées sur une évaluation des avantages et des risques associés à la réouverture des écoles qui prend en compte des facteurs liés à l’éducation et à la santé publique ainsi que des facteurs socioéconomiques.

Les écoles doivent mettre en place des stratégies visant à rouvrir dans de meilleures conditions pour améliorer l’apprentissage et soutenir de manière plus exhaustive les enfants, notamment en mettant à leur disposition des services de santé, de nutrition et de soutien psychosocial ainsi que des installations d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène.

À l’heure où les pays peinent à fixer une date pour la réouverture des écoles, l’UNESCO, l’UNICEF, le PAM et la Banque mondiale – dans le cadre de la Coalition mondiale pour l’éducation – exhortent les gouvernements à évaluer les avantages de l’enseignement en classe par rapport à ceux de l’apprentissage à distance ainsi que les facteurs de risque associés à la réouverture des écoles, en tenant compte du fait que nous ne disposons pas de données probantes concluantes sur les risques d’infection liés à la scolarisation.

« Alors que de nombreux enfants prennent du retard dans leur parcours d’apprentissage en raison de la fermeture prolongée des écoles, il est urgent de statuer sur la date et les modalités de réouverture des écoles, même si cette décision est loin d’être simple. Une fois le feu vert donné par les autorités sanitaires, toute une série de mesures devra être mise en place afin de garantir qu’aucun enfant n’est laissé de côté. Ces orientations fournissent des directives exhaustives aux gouvernements et aux partenaires afin de faciliter la réouverture des écoles pour les élèves, les enseignants et les familles. Nous poursuivons le même objectif : protéger et faire progresser le droit de chaque apprenant à l’éducation », déclare Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.

Les orientations

Réforme politique : Les implications politiques sont présentes dans toutes les dimensions des orientations, notamment l’adoption de politiques claires concernant l’ouverture et la fermeture des écoles durant les situations d’urgence de santé publique et les réformes nécessaires pour offrir aux enfants marginalisés et déscolarisés un accès plus équitable à l’éducation ainsi que pour renforcer et normaliser les pratiques d’apprentissage à distance.

Exigences de financement : Atténuer les effets de la COVID-19 sur l’éducation et investir dans le renforcement des systèmes éducatifs afin de favoriser le relèvement et la résilience.

Fonctionnement sûr : Mettre en place les conditions nécessaires pour réduire la transmission de la maladie, protéger les services et les articles essentiels et promouvoir des comportements adaptés. Cela inclut de garantir l’accès à l’eau salubre et au savon pour le lavage des mains, d’établir des procédures pour les membres du personnel ou les élèves qui ne se sentent pas bien et d’adopter des protocoles en matière d’éloignement social ainsi que de bonnes pratiques d’hygiène.

Compensation des pertes en matière d’apprentissage : Adopter des pratiques visant à compenser les heures d’enseignement perdues, renforcer les méthodes pédagogiques et s’appuyer sur des modèles d’apprentissage mixte, en intégrant des approches d’enseignement à distance, par exemple. Cela comprend d’instruire les élèves sur la transmission et la prévention des maladies.

Bien-être et protection : Mettre davantage l’accent sur le bien-être des élèves et renforcer la protection des enfants grâce à la mise en place de mécanismes d’orientation renforcés et à la fourniture de services essentiels dans les écoles, notamment en matière de soins de santé et de repas scolaires.

Atteindre les plus marginalisés : Adapter les politiques et les pratiques d’ouverture des écoles afin d’améliorer l’accès des groupes marginalisés, tels que les enfants en décrochage scolaire, les enfants déplacés et migrants, et les enfants issus des minorités. Veiller à émettre les communications et les informations essentielles dans les langues pertinentes et dans des formats accessibles.

« Lorsque les écoles commencent à rouvrir, la priorité est de veiller à ce que les enfants réintègrent les lieux en toute sécurité et à ce que les conditions soient réunies pour qu’ils puissent reprendre leur apprentissage, en particulier pour les enfants qui ont le plus été pénalisés par la situation. C’est un moment décisif, car il constitue la rampe de lancement d’une nouvelle normalité qui doit être plus efficace et plus équitable. Pour rouvrir dans de bonnes conditions, les établissements devront être prêts sur le plan logistique et avoir préparé le corps enseignant. Ils devront se munir de plans spécifiquement conçus pour aider les élèves les plus défavorisés à rattraper leur retard. Les orientations fournissent un cadre pour la réouverture des établissements scolaires sur lequel s’appuient les principaux organismes de l’ONU », indique Jaime Saavedra, Directeur du pôle Éducation au sein du Groupe de la Banque mondiale.