Des impacts alarmants de la Covid-19 sur la malnutrition infantile

3 Aug 2020

Avant que la pandémie de la Covid-19 ne frappe, la prévalence de la malnutrition chronique (ou retard de croissance) a été estimée à 42%, soit près de 1,9 million d’enfants malgaches de moins de cinq ans à travers le pays. Ce taux classe Madagascar au dixième rang parmi les pays les plus touchés au monde et au deuxième rang dans la région de l’Afrique de l’Est et Australe). En outre, la malnutrition aigüe (ou émaciation), qui touchait 6% des enfants malgaches avant la pandémie, soit environ 170.000 enfants de moins de cinq ans chaque année, alourdit d’autant plus le tableau de la malnutrition déjà précaire dans le pays. Il est important de rappeler aussi que la malnutrition est associée à au moins 44% des décès chez les enfants de moins de 5 ans à Madagascar.

Un article sur les impacts de la Covid-19 sur la malnutrition infantile et mortalité associée a été publié dans le journal scientifique The Lancet par le « Consortium Standing Together for Nutrition » le 27 juillet dernier. Cet article évalue l’impact potentiel de la pandémie de la Covid-19 sur la malnutrition aiguë.

Il indique que 6,7 millions d’enfants de plus, de moins de 5 ans, dans le monde, pourraient souffrir de malnutrition aiguë au cours de la première année de la pandémie (soit une augmentation de 14,3% du nombre d’enfants émaciés) en l’absence de mesures en temps opportun, entraînant environ 10.000 décès supplémentaires d’enfants par mois pendant cette même période.

Madagascar risque de ne pas être épargné et, à moins que des mesures immédiates ne soient prises, nous pourrions assister à une urgence nutritionnelle dans les mois à venir” indique l’Unicef.

Ainsi, les directeurs de la FAO, de l’Unicef du PAM et de l’OMS au niveau global ont lancé un appel à l’action intitulé « Malnutrition infantile et la Covid-19 : il est temps d’agir ». Il s’agit d’un appel à une action concertée dans cinq domaines clés pour protéger la nutrition maternelle et infantile face à la pandémie :

. Protéger et promouvoir l’accès à une alimentation nutritive, sûre et abordable
. Investir dans l’amélioration de la nutrition maternelle et infantile
. Réactiver et étendre les services de détection précoce et de traitement de la malnutrition aiguë
. Maintenir la fourniture de repas scolaires nutritifs et sûrs aux enfants vulnérables et
. Élargir la protection sociale pour garantir l’accès à une alimentation nutritive et aux services essentiels.

Il est donc urgent de mettre en place, selon ces organismes des Nations Unies, le plus tôt possible, des mesures de protection appropriées pour éviter, pendant l’épidémie de Covid-19, une nouvelle détérioration dramatique de l’état nutritionnel et la surmortalité connexe des groupes les plus vulnérables à Madagascar.

Des recommandations concrètes peuvent inclure :

– La protection des producteurs, transformateurs et détaillants alimentaires et la désignation des marchés alimentaires comme étant des services essentiels ;
– La protection à tout prix de l’allaitement maternel et le bannissement de la commercialisation inappropriée des préparations pour nourrissons (substituts au lait maternel et aliments de sevrage)
– A travers le système de santé et les sites de nutrition communautaire, le maintien de l’accès aux services essentiels de nutrition tels que la supplémentation en vitamine A pour les enfants de moins cinq ans ; La supplémentation en fer et acide folique pour les femmes enceintes ; La détection et le traitement précoces de la malnutrition aiguë à travers les centres de réhabilitation et d’éducation nutritionnelles (CREN) et ; La promotion de l’alimentation optimale des jeunes enfants, des femmes enceintes et des mères allaitantes
– La fourniture de repas scolaires nutritifs et sûrs aux enfants vulnérables
– L’élargissement de la protection sociale pour garantir l’accès à une alimentation nutritive et aux services essentiels parmi les ménages les plus pauvres et les plus touchés, y compris l’accès aux aliments enrichis en vitamines et minéraux essentiels

« L’engagement et le soutien du gouvernement, des bailleurs internationaux, des partenaires techniques et financiers, de la société civile et du secteur privé sont essentiels pour maintenir l’accès aux services sociaux de base, en particulier ceux ayant impact sur la santé et la nutrition des plus vulnérables », rappelle Jean Benoit Manhes, Représentant par intérim de l’Unicef à Madagascar.