Covid-19 et taux de change : les paramètres qui influent sur l’ariary

12 Jun 2020

 

 

 

 

La crise sanitaire liée à la pandémie COVID-19 n’est pas sans conséquence sur l’économie mondiale. Les échanges sur les marchés des changes internationaux s’en trouvent significativement impactés et par ricochet ceux des marchés locaux également.

Nous vous rapportons dans cet article une analyse sur l’évolution actuelle de l’ariary.

Dans la théorie, les déterminants des taux de change sont de deux ordres : les déterminants de court terme et les déterminants de long terme.

En ce qui concerne les déterminants de court terme, le principe reste le même : les taux de change sont déterminés par les offres et les demandes de devises, principalement le dollar US et l’Euro, sur le Marché Interbancaire de Devises (MID). Ce marché voit la participation des banques commerciales de la place qui exécutent des ordres d’achat ou de vente de devises pour le compte de leurs clients ou pour leur propre compte dans le cadre de leurs opérations avec l’étranger (importations, exportations, transferts, virements, …). Ainsi, l’on peut voir des offres (ou ventes) et des demandes (ou achats) de devises sur le marché qui déterminent les cours de change des devises étrangères par rapport à l’ariary.

Quant aux déterminants de long terme, les taux de change sont entre autres déterminés par ce que l’on appelle les différentiels d’inflation d’une part, et les entrées et les sorties de flux financiers d’autre part.

  • Pour ce qui est du différentiel d’inflation, une définition simplifiée suggère que quand le taux d’inflation à Madagascar est plus élevé que le taux d’inflation d’un pays étranger, donc le prix d’un même bien est plus cher si on l’achète localement, l’agent économique aurait tendance à acheter le bien à l’étranger et donc importer. Cela suppose l’achat de devise étrangère par de l’ariary pour le règlement de l’importation, ce qui augmenterait la demande de devise étrangère et cela aurait des conséquences sur une dépréciation de l’ariary.
  • Pour ce qui est des entrées et sorties de flux financiers, toutes choses étant égales par ailleurs, une importance prononcée des importations par rapport aux exportations va dans le sens d’une hausse du taux de change (dépréciation de l’ariary). Il en est de même lorsque les sorties de devises étrangères (ex: transferts de dividendes à l’étranger par les filiales locales de sociétés étrangères) sont supérieures aux entrées de devises (ex: paiement de salaires des dirigeants d’une filiale locale par une société dont le siège est à l’étranger). »

La baisse de l’ariary par rapport à l’Euro qu’on observe actuellement est en partie due à la remontée de l’Euro par rapport au Dollar sur les marchés internationaux, passant de 1,07 il y a 10 jours à 1,135 récemment.

En règle générale la dépréciation de l’ariary par rapport à l’ensemble des devises fortes relève fondamentalement du fait que notre balance des paiements est structurellement déficitaire, nécessitant l’achat de devises étrangères pour être à l’équilibre. Il faut toutefois relativiser cette dépréciation : ainsi l’Ariary en juin s’est déprécié de 3,15% par rapport au Dollar depuis janvier 2020 et de 5,10% par rapport à l’Euro, ce qui se rapproche sensiblement du taux d’inflation escompté pour 2020.

Banky Foiben’i Madagasikara