CNIDH revient sur l’affaire Vohilava

15 Sep 2020

La commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH), dans une communication officielle ce 15 septembre, exhorte l’Etat à ouvrir une enquête sur les faits qui se sont réellement déroulés à Vohilava, depuis 2013 jusqu’au procès en appel de 2018.

Dans cette communication officielle, la CNIDH rappelle un reportage réalisé par une télévision privée du pays concernant les familles de la commune de Vohilava, dans le district de Mananjary qui ont manifesté une fois de plus leur incompréhension de l’inertie des autorités compétentes, face à l’exploitation minière d’une société en 2013, alors que les délivrances des autorisations d’extractions minières ont été suspendues depuis 2011. Les faits rappellent que cette société en question y a installé des dragues rouillées sur la rivière Isaka pour une exploitation aurifère. Rivière qui traverse la commune de Vohilava.

« L’impact est catastrophique tant pour la population (rizières ensablées, eau polluée causant des problèmes de santé, poissons disparus) que pour l’environnement, mais aussi pour la Nation et l’Etat » indique la CNIDH. En effet,  « depuis plusieurs années, une quantité inconnue d’or est extraite, sans doute exportée vers une destination inconnue, sans aucun bénéfice ni pour l’Etat, ni pour les populations environnantes, qui voient leurs conditions de vie se dégrader d’année en année. Ainsi, leur droit à un environnement sain, entre autres, est totalement ignoré » souligne-t-elle.

A noter que la population de la commune de Vohilava n’a pas cessé d’essayer de faire entendre sa voix, mais en vain. « En 2017, l’une de ses manifestations s’est soldée par l’arrestation de l’un de ses leaders, Rajoany alias Raleva, qui fut arrêté par des gendarmes, ne savant même pas le motif de l’arrestation mais qui le conduisirent à Mananjary où il fut placé en détention provisoire. C’est seulement le jour de son procès, le 26 octobre, après 23 jours de détention préventive, qu’il apprit qu’il était accusé d’usurpation de titre pour s’être présenté comme étant chargé de mission du chef du district de Mananjary et de du directeur du service des mines de Vatovavy Fitovinany. Bien que le plaignant ait retiré plainte la veille du procès, Raleva fut tout de même condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis, peine confirmée en appel en 2019 ».

« Loin de nous l’idée de remettre en cause une affaire jugée. Mais il serait temps d’entendre enfin la vois de la population de Vohilava, qu’elle n’ait pas le sentiment que l’Etat est contrôlé par des intérêts, autres que les siens » conclut la commission.

Faly R.