Blackout dans le monde des jeux de lumières!

9 Apr 2021

Le domaine du showbiz figure parmi les plus touchés par le covid-19. Depuis mars 2020, les gens du spectacle ont enregistré des pertes sur leurs chiffres d’affaires de l’ordre de 90% (100% pour certains qui ne vivent que pour l’organisation de spectacles) nous a-t-on indiqué. C’est le calme plat! Un blackout total, dans le royaume des jeux de lumières.

L’office malgache du droits d’auteur (OMDA) figure parmi les organismes, rattachés au ministère de la Culture et de la Communication, qui se chargent particulièrement des revenus de ces artistes, à travers le paiement annuel de leurs droits ou de leurs pensions de retraite, recueillis au niveau des organisateurs de spectacles ainsi que des stations d’audiovisuelles de la Grande ile. Cette organe a ainsi observé une nette diminution de ces droits perçus durant l’année 2020. “Certes, les stations audiovisuelles comme les chaînes de télévisions ainsi que les stations de radio ont régulièrement payé leurs dus. Mais en totalité, les droits perçus par l’office ont observé une baisse bien conséquente, vu qu’il n’y avait pratiquement pas de spectacles durant l’année dernière” nous a-t-on expliqué.

Si généralement, chaque année, l’office alloue environ 200 millions d’ariary de droits d’auteurs et de pensions de retraite pour les artistes, suivant un calendrier bien décrit, en 2020, ces droits ont observé une diminution de l’ordre de 50%, nous a-t-on précisé. Car, à part les droits sur les spectacles, d’autres établissements comme les infrastructures d’accueil de touristes (hôtels et restaurants) qui font partie des créanciers de l’OMDA, ont également subi de plein fouet, cette crise sanitaire. Certains de ces établissements ont avoué ne pas pouvoir assurer ce paiement si d’autres l’ont fait, mais seulement en partie.

Les impacts du Covid-19 sur nos activités sont sans précédent” a expliqué un propriétaire de maison de production. “Généralement, à chaque début d’année, nous avons déjà un calendrier bien précis de nos activités. Ce calendrier débute normalement au mois de mars et ne prend fin qu’au mois de décembre. En moyenne, nous programmons une vingtaine de concerts à Antananarivo et autant en province. Mais tous nos programmes de 2020 sont tombés à l’eau à cause de cette situation. Car, même si on a déjà réservé des endroits comme Antsonjombe ou encore le Palais des Sports et de la Culture, sans parler d’Antsahamanitra ainsi que les réservations dans les provinces, au bout du compte, aucune activité n’a pu être réalisée. Certains d’entre nous emploient à temps plein, des techniciens et des musiciens. Bon nombre de ces derniers se sont retrouvés au chômage. Ces gens qui avaient l’habitude de recevoir un salaire mensuel, se sont vus, du jour au lendemain, sans emploi. C’est une catastrophe pour tout le monde” nous a-t-il expliqué.

Du côté des artistes, nombreux sont ceux qui arrivent à peine à survivre, surtout chez les musiciens. Par manque de contrat, ces artistes, notamment les musiciens, se sont retrouvés sans rien.

Si chaque année, un artiste de renom, en tête d’affiche du showbiz, arrive à enregistrer une quarantaine de concerts un peu partout à Madagascar, voire même jusqu’à une soixantaine et plus pour d’autres, sans parles des cabarets et autres apparitions pour des promotions de tubes et d’albums, en 2020, il n’en était rien. Or, ce sont ces concerts, quels que soient leurs envergures, qui leur font vivre et assurent leurs salaires.

Le monde du spectacle tourne au ralenti, pour ne pas dire à l’arrêt. En effet, vers la fin de l’an dernier, jusqu’au mois de février de cette année, c’est à peine si l’on pouvait se produire, notamment dans des petites salles. Nous vivons normalement, des prix d’entrées de ces cabarets. Mais un cabaret à 50 personnes dont le prix d’entrée ne peut pas non plus être exagéré, n’arrive même pas à nous faire vivre une semaine” a indiqué un musicien qui évolue dans le monde du jazz mais qui accompagne toutefois bon nombre d’artistes de renoms dans la variété.

Et ce n’est pas tout cas pour les propriétaires de cabarets, les impacts étaient également bien palpables. En effet, malgré le fait que ces endroits soient ouverts, ou entrouvert, si on peut le dire ainsi, peu de gens les, par peur de cette maladie et aussi par manque également de ressources. Car, il est vrai que tous les secteurs d’activités ont été touchés, directement ou indirectement par cette crise. De ce fait, ces endroits ont dû licencier des collaborateurs et tourner également au ralenti, afin de rester à flot. Mais d’une vision globale, nombreux ont littéralement sombré, suite à ce coup dur.

Solutions alternatives

Une nouvelle forme de spectacle est proposée depuis peu par des artistes et des organisateurs de spectacles, nous a-t-on expliqué. “Il s’agit d’un live sur les réseaux sociaux. Bien de gens se demandent comment ils font pour gagner de l’argent avec ces lives? On nous a expliqué que le mécanisme est le même, que ce soit pour un concert en plein air, en salle ou sur Facebook. Effectivement, sur Facebook, le concert est gratuit, toutefois, avant de se lancer dans ce mécanisme, il faut trouver un sponsor qui supportera les frais (bien moindres, certes, mais qui assurera toutefois la connexion, la location des matériels et les prestations du groupe qui assure le live). Ce sponsor, tout comme les concert assistés par des spectateurs, bénéficiera d’une meilleure visibilité durant tout le live”, nous a-t-on avoué.

En tout cas, le Covid-19 est une maladie comme parmi tant d’autres, indique un organisateur de spectacle. “Elle est là et y restera. L’essentiel à entreprendre actuellement serait, primo, de respecter les mesures de barrières sanitaires afin de freiner sa propagation. Secundo, de trouver une solution efficace pour casser la chaîne de sa transmission. Et tertio, être artiste est un métier comme parmi tant d’autres. Dommage que jusqu’à l’heure actuelle, ce métier s’expose à des risques de chômage forcé comme ce que l’on vit de nos jours. Ainsi, certes, les autorités compétentes cherchent déjà des solutions à long terme pour remédier à cette situation, mais dans l’immédiat, ces artistes ont grand besoin d’un coup de pouce de l’Etat, afin de ne pas sombrer dans un désarroi sans précédent.”

Propos recueillis par Rafr.

(CP : LeGuideSympa)