55% des enfants de moins de 5 ans d’Amoron’i Mania touchés par la faim cachée

5 Aug 2021

Amoron’i Mania sera une vitrine des avantages d’une approche multisectorielle pour l’amélioration de la nutrition grâce au financement du gouvernement du Japon à travers l’initiative pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique (IFNA). Au moins 50 000 personnes participeront au projet pour adopter des interventions sensibles à la nutrition afin d’améliorer leur santé et celle des générations futures.

Le Gouvernement du Japon, en appui au Gouvernement de Madagascar, lance ce jour le projet d’amélioration de la nutrition par une approche multisectorielle dans l’Amoron’i Mania. La mise en œuvre du projet est confiée à trois agences onusiennes (UNICEF, PAM, FAO) qui vont conjuguer leurs expertises internationales pour contribuer à réduire le taux de malnutrition chronique dans une des régions les plus touchées par ce mal silencieux à Madagascar.

Amoron’i Mania affiche un taux de 55% des enfants de moins de cinq ans touchés par la malnutrition chronique ou faim cachée. Cette forme de malnutrition présente des effets irréversibles sur ses victimes qui se retrouvent privées à vie de leurs pleines capacités cognitive et physique. Cela signifie que ces personnes ne pourront jamais mener une vie professionnelle active et participer au développement économique de la nation, mais constitueront un fardeau pour le pays.

« Nous sommes convaincus que les efforts conjugués entre les secteurs Nutrition, Éducation, Agriculture, Eau, Assainissement et Hygiène vont permettre d’améliorer la nutrition pour les communautés cibles des interventions du projet. L’UNICEF va principalement concentrer ses efforts dans l’amélioration des conditions d’accès aux services et infrastructures en Eau, Assainissement et Hygiène, mais aussi dans l’accompagnement des communautés et des institutions cibles à prendre en main leur situation dans ce domaine », souligne Michel Saint-Lot, Représentant de l’UNICEF Madagascar.

« Soutenir les écoliers à travers des repas nutritifs au sein des cantines scolaires et les enfants en général, permettra non seulement d’optimiser leurs résultats scolaires mais aussi d’accroître leurs capacités physiques et intellectuelles. A terme, ce sera tout Madagascar qui en sortira gagnant car des enfants bien nourris deviendront des ressources humaines mobilisables et des atouts pour le pays », a indiqué Moumini Ouedraogo, Représentant du PAM à Madagascar.

Pour Charles Boliko, Représentant de la FAO à Madagascar, aux Comores, à Maurice et aux Seychelles «Investir suffisamment dans la qualité nutritionnelle de l’alimentation de la population demeure fondamental pour l’avenir et la prospérité d’un pays. Une population bien nourrie et en meilleure santé sera plus active et produira plus pour l’économie, c’est une équation simple. Le partage de connaissances à travers l’information, l’éducation et la communication pour le changement de comportement constitue un aspect important de la mise en œuvre de ce projet, afin que chaque personne ciblée participe pleinement à la transformation positive de leur vie tant au niveau de l’amélioration des régimes alimentaires que des pratiques pour la sécurité sanitaire des aliments le long des chaînes de valeurs agricoles».

Le Gouvernement du Japon est pleinement déterminé à soutenir le développement socio-économique équitable et inclusif de Madagascar, notamment dans le domaine de l’agriculture, des infrastructures, de l’éducation et des soins de santé. La lutte contre la malnutrition s’inscrit également dans ce cadre de notre politique de coopération avec Madagascar.  D’autant plus que du point de vue de la prévention de la maladie Covid-19, il est tout aussi important d’avoir une alimentation équilibrée et riche en valeurs nutritives afin de renforcer la résistance de chaque individu” souligne HIGUCHI Yoshihiro, Ambassadeur du Japon à Madagascar.

La « faim cachée »

La faim cachée à l’origine du retard de croissance défini comme une taille inférieure à la moyenne pour l’âge d’un enfant, provoque des dommages négatifs sur la fonction cérébrale, le développement des organes et le système immunitaire d’un enfant. La situation est irréversible au-delà des 1000 premiers jours de l’enfant (à compter du jour de sa conception dans le ventre de sa mère jusqu’à ses deux ans). Divers facteurs au cours de ses 1 000 premiers jours sont responsables du retard de croissance chez l’enfant, notamment un régime alimentaire non équilibré et peu diversifié surtout pour la mère et l’enfant, de mauvaises pratiques de soins maternels, un accès insuffisant à l’eau et aux services sanitaires, ainsi que des pratiques d’hygiène inadaptées.

À Madagascar, paradoxalement, le taux le plus élevé (entre 44 % et 60 %) de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans est observé dans les régions des hauts plateaux où la productivité agricole est la plus élevée du pays ; tels que Vakinankaratra, Itasy, Analamanga et Amoron’i Mania. Le retard de croissance est plus répandu dans les zones rurales, chez les ménages aux revenus les plus faibles et dont le chef de famille est peu instruit.

Une solution multisectorielle

Le projet de 1,37 million de dollars, financé par le Gouvernement du Japon, se concentrera principalement sur les interventions sensibles à la nutrition, la gouvernance et la communication en vue de réduire la malnutrition chronique. Au moins 50 000 personnes, dont environ 2 500 femmes enceintes et 5 000 enfants de moins de deux ans, seront effectivement couvertes par des interventions multisectorielles et durables sensibles à la nutrition. Il s’agit d’améliorer la disponibilité et l’accès à de la nourriture diversifiée en quantité et qualité suffisantes pour les familles vulnérables, de promouvoir les repas scolaires à base des produits de potagers scolaires ou de jardins de cases, et de permettre l’accès aux services WASH afin de protéger et maintenir un environnement sain pour les communautés. L’accès de tous à l’eau potable est fondamentale car elle est source de vie. En se préoccupant du quotidien de la femme et, singulièrement, des besoins de l’enfant, le projet apporte des réponses de base dans le cadre de cette approche holistique.

En plus de ces interventions, le projet développera des synergies d’action avec les autres initiatives déjà en cours de mise en œuvre au niveau de la zone, notamment celles appuyées par la JICA (PASAN, PAPRIZ, TAFITA, etc.) et par d’autres partenaires au développement.

En plus de ses multiples engagements annoncés lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) et d’autres événements de haut niveau, le Gouvernement du Japon fait également partie des promoteurs de l’Initiative pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique (IFNA), qui vise à encourager les gouvernements africains à mettre en œuvre des politiques et des programmes sensibles à la sécurité alimentaire et à la nutrition, ainsi que de la coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (CARD) , qui a permis d’augmenter la production de riz en Afrique de 74% depuis 2008 avec l’aide de l’expertise, des technologies et du financement japonais.

Ce projet est conforme au programme sectoriel pour l’agriculture, l’élevage et la pêche (PSAEP), au MadaMadio 2025 et au PNAN-III. Les interventions proposées s’alignent pleinement sur les autres plans et stratégies sectoriels nationaux, principalement pour la nutrition, l’agriculture, l’eau, l’assainissement et l’hygiène. L’ensemble des ministères concernés directement dans le pilotage de ce projet souligne l’importance de l’approche multisectorielle pour éradiquer la malnutrition.

En se basant sur les résultats du diagnostic rapide issus de la première concertation nationale sur les systèmes alimentaires à Madagascar présentés durant le pré-sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires à Rome le 27 juillet dernier, ce projet rentre pleinement dans les perspectives du pays pour:

– Renforcer les stratégies de changement de comportement en faveur d’une alimentation diversifiée, riche en micronutriment et en quantité suffisante

– Favoriser les approches inclusives et multisectorielles

– Poursuivre les efforts de production résiliente face au changement climatique en assurant la durabilité des ressources naturelles.